les Géants aux patrimoine mondial (UNESCO)

source la voix du nord
geants-carnaval.org



La nouvelle officialisée hier n’en a que davantage de retentissement: les géants du Nord - Pas-de-Calais font leur entrée dans le patrimoine mondial de l’UNESCO

Ils ont mené leur barque loin des projecteurs, comme s’ils s’étaient fait tout petits. La nouvelle officialisée hier n’en a que davantage de retentissement: les géants du Nord - Pas-de-Calais font leur entrée dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Plus exactement, ils sont honorés du titre de chefs-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité (lire ci-dessous). Avec mention spéciale aux fêtes de Gayant et de Cassel pour leur exemplarité, leur ancienneté et leur faculté à traverser les époques.«On nous a appelés vers 13 h et ça a tout de suite été l’euphorie, raconte Gérard Torpier, président de l’association la Ronde des Géants, l’une des chevilles ouvrières de cette proclamation. Pour nous, c’est un aboutissement, un sentiment de grande reconnaissance.» Réaction largement partagée hier puisque c’est l’ensemble des «géants et dragons processionnels de Belgique et de France» qui accèdent au titre de chefs-d’oeuvre du patrimoine de l’humanité.

Changer de regard :
Dans la liste, on croise donc aussi bien les quelque 350 géants en activité dans notre région que tous les autres, notamment les animaux totémiques et les fêtes de Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône (fête de la Tarasque) ou de Pézenas, dans l’Hérault (carnaval). Y figurent également les géants et fêtes belges comme celles de Termonde, Malines, Mons, Ath et Bruxelles. À chaque fois, c’est donc l’ensemble des manifestations «gigantesques» propres à chaque pays qui sont concernées.D’ailleurs, cette apothéose est le fruit d’un dossier multinational, lancé à l’été 2003 par trois associations. D’abord la Ronde des Géants, créée en 1977 dans le Nord - Pas-de-Calais pour défendre et promouvoir ces grands personnages légendaires.
«À cette époque, on parlait de folklore, au sens péjoratif, explique Stéphane Deleurence, membre historique de l’association. Nous avons contribué à changer le regard sur les géants. Il ne s’agit pas simplement de quelque chose de matériel, mais il y a aussi l’environnement, les gens, l’histoire, les légendes, les contes populaires… Cet objet n’est rien s’il n’y a personne en dessous et tout autour. Les géants n’ont pas attendu les ministres pour faire de la cohésion sociale et du transgénérationnel.» L’homme n’est pas un novice. Artiste-plasticien, il a créé plus de cinquante géants en France (Raoul de Lille, Henri le douanier de Godewaersvelde…) mais aussi en Belgique.
Bénévolat: La Belgique justement… Contrée qui accueille près de 1 700 géants et qui abrite la Maison des Géants d’Ath, présidée par Jean-Pierre Ducastelle, là encore véritable référence.
Il y a aussi le Vlaams Centrum voor Volkscultur, association qui navigue dans les mêmes eaux, en pays flamand. Ce sont ces trois associations qui vont donc monter le dossier, procédant à des inventaires… et aussi à des choix lorsqu’il a fallu identifier des fêtes exemplaires de ce patrimoine. D’où la collaboration des associations locales, notamment celles qui veillent sur la destinée de la famille Gayant à Douai ou sur les Reuze de Cassel.
C’est donc bien une satisfaction collective qui doit se répandre à travers la région et au-delà, depuis hier. Dans un petit monde de géants seulement animé par le bénévolat. «Ça va leur faire prendre conscience de la valeur de ce qu’ils font.» ...